Cher(e) camarade,

Confrontés à une situation que nous déplorons tous, plusieurs militants girondins, exerçant des responsabilités ou pas, considèrent que l’enjeu de la rénovation et l’appel au changement doivent plus que jamais être portés par les militants eux-mêmes, pour peser auprès de nos instances nationales et fédérales.

Loin des querelles de motions et de courants, ils ont décidé de lancer une initiative – un appel militant – pour montrer à nos responsables qu’une modification des comportements s’impose.

Tu trouveras le texte de la lettre aux militants girondins, en pièce jointe et sur le site www.appeldesmilitants.org

Nous t’encourageons à la signer et à la faire signer par les militants de ta section : la période exige plus que jamais de solliciter la force militante qui est la nôtre et de s’appuyer sur elle.

C’est le sens de cet appel.

Amitiés socialistes.

Jean-Luc Bardon
Florent Boudié
Michèle Delaunay
Bertrand Dubois
Gérald Elbaze
Antoine Garanto
Stéphanie Goyheneix
Robert Provain
Gilles Renoust

Lettre aux militants girondins

Cher(e) camarade,

Après la déroute des européennes, nul ne peut en douter : le navire socialiste n’a plus de cap.

Empêtré dans ses querelles internes, le Parti Socialiste vit un huis clos stérile, coupé de ses centres nerveux, coupé des acteurs éducatifs, culturels, économiques et syndicaux ; coupé de la majorité sociale du pays et du reste de la gauche, comme des intellectuels et des militants sincères.

Aveuglé par sa victoire providentielle aux législatives de 1997, il a cru que le simple jeu de l’alternance suffirait à assurer ses victoires futures. La Bérézina du 21 avril 2002 n’y a rien changé, les succès des élections locales en 2004 et 2008 finissant d’aggraver l’illusion, au point de nier deux évidences :

  • Notre mouvement est le seul parti social-démocrate européen à avoir maintenu à sa tête une même garde politique, malgré 5 défaites consécutives à des scrutins nationaux.
  • Il ne porte plus d’utopie concrète tant il s’est éloigné des cultures politiques de son temps, à commencer par l’écologie et l’altermondialisme, longtemps observés avec un mélange de mépris et de défiance.

Verrouillé de l’intérieur et privé de forces vives, notre mouvement politique ne parle plus qu’à lui-même et doit de toute urgence se régénérer.

En prend-il le chemin ? On peut sérieusement en douter.

  • En déportant l’enjeu de la rénovation sur les primaires, ne met-il pas la charrue avant les bœufs, parle-t-il à la majorité des Français ? Car si les primaires sont une étape utile pour réguler le jeu des ambitions présidentielles, elles ne suffiront pas à refonder les idées et les pratiques, pas plus qu’elles ne mettront fin à l’éclatement de la gauche. L’exemple italien devrait nous alerter : après une victoire aux législatives, la gauche a essuyé deux défaites et subi, malgré la pratique des primaires, une dépression identitaire égale à la nôtre.
  • Notre Parti est devenu, pour l’essentiel, un parti d’élus locaux. C’est une chance puisque les communes, départements et régions expérimentent des politiques publiques concrètes ; ce serait un péril si le Parti cédait à la tentation – bien réelle – de se retirer sur ses terres, à défaut d’occuper le champ national. La logique du repli territorial ne ferait qu’accélérer l’affaissement structurel d’un Parti déjà pris en tenaille entre une direction affaiblie par un congrès raté et des pouvoirs locaux dont la créativité des politiques territoriales ne suffira pas à masquer l’absence d’un projet global de société.
  • Les militants sont doublement écartelés : entre les multiples courants, dont le but consiste trop souvent à peser dans une improbable balance ; puis entre les dimensions nationales, fédérales et locales qui ne parviennent plus à construire ensemble.

La Gironde n’échappe pas à la règle. Après le congrès de Reims, les militants girondins avaient quelques raisons de croire ceux qui accédaient aux responsabilités fédérales en plaidant la rénovation.

Six mois plus tard, où en sommes-nous?

Quelles initiatives ont permis de mettre la fédération sur les rails du renouvellement des pratiques et des idées?

Les conditions ont-elles été réunies pour mettre nos territoires et nos sections en ordre de bataille en vue des prochaines élections régionales?

Autant d’enjeux auxquels la fédération n’a pas apporté de réponse.

Qui plus est, pourquoi les militants cèderaient-ils au rituel des réunions fédérales puisque tout se joue ailleurs et que le pouvoir réel y est détenu par celles et ceux qui n’y siègent pas, nos grands élus?

Cher(e) camarade,

Forts de ces constats, nous ne pouvons pas rester sans voix, sauf à considérer que le Parti Socialiste est condamné au suicide collectif. Et puisque le congrès de Reims a débouché sur une impasse politique, puisque nous sommes si nombreux à nous interroger sur l’avenir de notre formation politique, il est temps de lancer un appel militant, un appel de la base diront certains, adressé à nos dirigeants nationaux et fédéraux, quels que soient leurs courants et leurs sensibilités.

Un appel pour qu’au plan national, notre Parti tire enfin les leçons de ce que l’hyper-présidentialisation de Nicolas Sarkozy nous impose : une direction nationale forte, unie et profondément renouvelée, au service de l’engagement collectif ; la rénovation de nos idées pour bâtir un projet lisible et décomplexé auquel chaque militant pourra contribuer ; la remise en cause des dérives du système des courants et des motions, si délétères ; puis, en temps voulu, des primaires ouvertes à toute la gauche, pour mettre fin à l’insupportable cacophonie des égos et affronter 2012 dans le rassemblement le plus large.

Un appel pour qu’au plan local notre fédération propose et innove résolument. Pour que nos instances fédérales redeviennent le lieu de tous les débats en offrant un débouché politique à la parole des militants, en invitant nos grands élus locaux à partager leurs points de vue, par exemple sur la réforme territoriale pour laquelle une position commune des élus girondins est indispensable sous peine de tomber dans l’habile piège tendu par la Droite, à quelques mois des échéances régionales.

La période n’est ni à la désolation, ni à la désertion. Elle exige plus que jamais de solliciter la force militante qui est la nôtre et de s’appuyer sur elle.. Et puisque la rénovation de notre parti semble si difficile à engager, provoquons-la, imposons-la, dans nos instances locales et fédérales.

C’est le sens de notre appel.

Militants considérés, sections écoutées, fédération crédibilisée : il sera alors possible de recréer les conditions d’un vrai projet collectif, porté par tous et radicalement opposé à la droite.

Dès lors, la légitimité des fédérations à redevenir le lieu d’incubation et la caisse de résonnance d’un nouveau projet de société sera réelle et ce sont toutes les instances nationales qui pourront s’en nourrir.

C’est dans cette direction que nous t’encourageons à rejoindre l’appel des militants de la Gironde pour peser collectivement sur nos instances, pour que le Parti Socialiste prenne toute sa place dans l’émergence d’un projet progressiste, avec toute la gauche.

Amitiés socialistes.


Les premiers signataires sont:

Jean-Luc Bardon, Florent Boudié, Michèle Delaunay, Bertrand Dubois, Gérald Elbaze, Antoine Garanto, Stéphanie Goyheneix, Robert Provain, Gilles Renoust

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