Chapitre 2: La solidarité au cœur de la vie de la cité.
Certains considèrent l’approche de la solidarité dans le monde contemporain comme relevant de l’angélisme. Face à la dureté de notre monde, la seule règle qui vaudrait serait « que le meilleur gagne ». Le meilleur ou le plus sauvage ?
Bien de ceux qui s’estiment « progressistes » ou « de gauche », replace souvent la notion de solidarité dans une approche de « charité » au sens des bonnes « œuvres ». Cette approche est souvent lié à l’idée qu’un groupe d’individu qui a plus, doit « faire don » à un groupe d’individu qui a moins. Elle est la résonance contemporaine de la « charité chrétienne ». Elle est la marque d’une générosité certaine mais conforte l’idée d’une société en caste, « aristocratique », quand bien même elle serait soucieuse de la caste « inférieure ». Cette approche sincère, légitime politiquement, a donné naissance aux mouvements « démocrates chrétiens » dans l’Europe contemporaine.
L’approche à laquelle j’adhère, s’approche davantage de l’hypothèse que la solidarité serait le socle du « contrat social ». Comme le posait l’ami Rousseau (pas le douanier l’autre…), la forme « naturelle » de l’état de l’homme est de s’ancrer prioritairement sur son intérêt particulier. Le contrat social, en faisant de l’Homme son propre souverain (dans une approche d’émancipation),a pour objet de permettre à l’homme, dans un cadre collectif, d’aller vers la notion d’intérêt général partagé.
Ce contrat social n’est opérant que si chaque citoyen dispose de l’espoir de prendre place et part au sein de ce contrat social et donc à la vie de la cité.
La solidarité consiste donc dans une forme de cercle vertueux, qui notamment par le redistribution des richesses (qu’elles soient matérielles, intellectuelles ou culturelles) permet d’alimenter l’écosystème que constitue une société. La solidaire se traduit par une série d’actions qu’une organisation sociale met en œuvre (par différents outils: Etat, services publics, associations) pour assurer la solidité du pacte social. Il ne s’agit pas de fournir de manière « condescendante l’aumône aux petites gens », mais bien de permettre au tissu social de tenir et de fonctionner. Ainsi la solidarité ne consiste pas à une démarche du haut vers le bas, mais bien d’une démarche de « tissage de liens » qui permettre de faire fonctionner ce contrat social.
La solidarité doit donc ne pas être considérée comme une « dépense » voire un « risque » par l’acteur public, mais bien comme un raison d’être du personnel politique. Si son rôle est de contribuer à « faire société », à rendre possible « la vie de la cité », alors la solidarité consiste en un investissement durable pour construire notre société.
C’est à ce titre que le logement social, la mixité sociale, le soutien pour la rentrée scolaire, mais également les maisons médicales, les établissements pour les personnes âgées, etc… consistent en autant d’outils qu’il convient effectivement d’évaluer, mais qui contribuent de manière certaine à équilibrer une société de plus en plus en fragile dans sa capacité à créer du lien entre les hommes. La condition sine qua non est que ces outils ne consistent en une juxtaposition de ghettos parachutés, mais bien en une co-construction impliquant tous les citoyens. C’est là, la condition de la production d’un cercle vertueux de fait accepter par tous, et non pas une simple ligne de dépense dans un budget public, qui tôt ou tard sera vécu comme tel, et sera alors remis en cause par les plus nantis. (cf. définition étymologique du mot banlieue -ceux qui sont au ban de la société- )
Le fait public ne doit donc pas être administré en recette / dépense, mais bien en investissement durable ou non. C’est d’ailleurs un des sens de l’écologie politique.