Disons-le clairement et assumons-le: le Parti Socialiste a perdu sa machine de combat militante. Non pas par absence de militants. Mais par l’approche « consumériste » de la politique. Cette approche se gave des deux clés de voute de la publicité et du marketing média:
1- Se targuer d’être plus réformateur que le voisin:
en réalité la traduction de « réforme » est, le plus souvent, le mot « régression » en langage de jeune quadra/quinqua plein d’ambitions. Le discours se résume à la découverte d’un réalisme « vertueux » qui équivaut à savoir ce qui est bon pour « gérer » une situation conjoncturelle: la crise, les stocks options, etc… et qui se caractérise par l’absence d’une vision de la société. Mais ce n’est pas de technico-commerciaux dont la politique doit accoucher !! mais de personnages aptes à proposer des visions du « vivre-ensemble ». Aujourd’hui être « réformateur », voire rénovateur au PS, c’est… vouloir des Primaires à gauche. Voilà la dernière bonne idée marketing !! Alors qu’on a un désaccord réel sur ce qu’est la gauche aujourd’hui, c’est-à-dire sur ce qui constitue notre projet politique, donc le périmètre des alliances, donc… les corps des « sympathisants » légitimes à désigner … le vainqueur de la primaire (ce n’est pas ma faute s’il n’y a pas de féminin à ce mot … arf arf…), on voudrait organiser des primaires pour dire « on est des modernes, regardez, on reprend à notre compte la dernière idée à la mode ». A moins qu’il faille lire entre les lignes, la chose suivante: « écoutez, nous sommes des supers stratèges politiques, et si on veut faire le plein des voix il faut faire des primaires ». Alors là, quand je vois où ont mené les stratégies précédentes, je dis « au secours !! ». Défendre des idées ne peux se résumer en du marketing et/ou de la stratégie. Sinon que tous les prétendants à des responsabilités politiques aillent faire la Star Ac’.
Nous sommes dans exactement le même mécanisme que le débat sur le quinquennat ! Et le basculement de Fabius correspond à peu près au même timing que le basculement de Jospin sur cette question. Et maintenant tout le monde pleure l’hyper-présidentialisation du régime !! Faudrait peut-être se décider à regarder les implications politiques de ces prises de positions politico-médiatiques !!!
Qu’il est amusant de voir celles et ceux qui ont milité pour un régime primo-ministériel pour éviter la peopolisation de nos institutions politiques demander maintenant des désignations sous forme de primaires (spéciale dédicace à Arnaud Montebourg, avec qui je me rappelle pourtant une discussion très animée sur ce thème lors d’un repas…).
Le tout vendu packagé comme étant une proposition d’une meilleure écoute de nos amis de gauche… pfff… de gauche ? Vraiment ? ou du centre ?? Ce qu’attendent nos amis de gauche, les vrais, ce n’est pas que l’on vote pour un candidat qu’ils nous présenterait (sachant que l’on sait très bien la chance qu’un autre candidat à d’être désigné), car ce dont il s’agit pour une primaire, c’est bien de faire « l’agrégation » sur autre chose que le fond politique, mais plutôt l’enclenchement d’un culte de la personnalité pour sa capacité à « incarner ». Ce qu’attendent nos amis de gauche c’est que l’on défendent … enfin… des idées de gauche, progressistes, et notamment une vision alternative à l’accompagnement de la financiarisation de notre société !
Pour autant ce peut ne pas être, dans cette formulation ce qu’attendent les citoyens. Notamment celles et ceux qui ne sont pas dans une culture politique. Et là pour le coup c’est le rôle des partis de constituer de vrais réseaux militants pour aller faire partager en quoi telle politique implique des conséquences progressistes. C’est quand même bien autre chose que d’aller expliquer pour le traité de Lisbonne c’est bien et que la privatisation d’EDF, et la fin de la retraite etc.etc.
2- Balancer des slogans plutôt que des idées, et le plus souvent au mépris de ses prétendues idées ! En la matière la palme d’or des semaines écoulées revient à Dany Cohn-Bendit, à qui plus rien ne fait peur et qui sous les gesticulations de ses « amis » Verts en réponse à son « ouverture » au Modem, nous sort un brillant « que préférez vous, avoir raison, ou être majoritaires ? ».
Cette phrase constitue l’acte de décès de l’action politique, qui réside, par le travail de réflexion, à « avoir raison » (au sens défendre un point de vue que l’on pense bon) ET devenir majoritaire, par le travail militant.
C’est une chose que de construire des accords politiques pour construire des majorités pour gouverner. C’en est une autre de dire que gouverner constitue l’objectif prioritaire. Le fond politique devenant secondaire.
Dès lors tous les slogans deviennent possibles, sans jamais se traduire dans le réel, voire en produisant éternellement de la désillusion.
Le premier des slogans étant de répondre « oui » à tout. Et puis après on a toute la cohorte… « travailler plus pour gagner plus », les petites phrases, etc.. etc…
Dès lors que penser des primaires à gauche ?
C’ela équivaut à se cacher derrière son petit doigt. Or comme pour le quinquennat les conséquences pourraient pourtant être dramatiques!
En l’absence de projet commun, co-construit, partagé, définissant le périmètre d’accords politiques de gouvernement et de gouvernance, débouchant sur la possibilité d’un nouveau mode de désignation (qui pourrait alors être une primaire), on propose aujourd’hui de définir le personnage qui au-delà des idées, peut conduire le peuple, … le guide en somme… brrrrrr, çà fait froid dans le dos !
A chaque fois qu’on a privilégié la personne, sans rien pour « cadrer » la personne désignée à la fonction suprême, et notamment un programme sur lequel la personne prend des engagements… çà c’est toujours mal terminé en Europe !! Belles perspectives… çà c’est de la rénovation des pratiques politiques…