Compte-rendu Conseil National du 15 novembre 2013
Ce Conseil National avait pour ordre du jour la ratification des listes aux européennes et des têtes de listes aux municipales pour les villes de plus de 20 000 habitants.
Exercices préparatoires à l’accouchement:
Il a été précédé d’une commission électorale démarrée à 14h la veille, suivi d’un Bureau National le même jour qui démarra à 20:30 pour s’achever vers 05:30 dans la nuit et reprendre ce samedi matin vers 8:00, pour aboutir à une liste de noms vers 09:30. Ce n’est pas la ligne politique qui a suscité moults débats. Il n’en a pas été question.
Pour notre courant, Maintenant la Gauche, (17% au congrès, 30% sur le nom d’Emmanuel Maurel pour la désignation du premier secrétaire, amendements majoritaires à 70% sur la Convention Europe), l’enjeu était de produire un réel débouché politique en incarnant cette autre vision de l’Europe grâce à Gérard Filoche, Marianne Louis, Nora Maklouf, et … Emmanuel Maurel, évidemment.
Comment se présente le bébé ?
Les européennes sont sous forme de scrutin de liste. Dans le contexte actuel, il est « imaginable » que chaque liste permettra l’élection de 2 voire 3 député-e-s socialistes par euro-région. Ou… 1.
Dès lors, pour toutes les sensibilités, le plus équitable est de s’assurer une subtile alchimie entre représentation des sensibilités dans les premieres places, puis les deuxièmes, etc… mais également des s’appuyer sur des camarades qui ont la capacité à impulser une dynamique sur un territoire. C’est donc sur la base d’accords politiques autour de la représentation de chaque territoire, de la représentation des sensibilités, et des capacités à mobiliser que les arbitrages peuvent se faire.
L’accouchement dans la douleur:
Fort de sa capacité à incarner une proposition forte sur la gauche, Emmanuel Maurel, était initialement envoyé dans la Région Sud-Est pour mobiliser contre Jean-Marie le Pen. Et puis on s’est dit que compte-tenu de l’engouement suscité par Vincent Peillon en ce moment, il valait mieux envoyer un ministre – initialement pourfendeur du non-cumul des mandats – vérifier sa capacité à susciter un engouement sur les questions européennes. Alors, on se dit que dans la mesure où il n’y avait pas de « personnalité » qui s’imposait dans la région sud-ouest (Aquitaine, Midi-Pyréennées, Languedoc-Roussillon), on pouvait envoyer le soldat Maurel se battre. Non pas qu’il n’y ait pas de camarades de grande qualité dans ces territoires. Mais disons qu’avec un Mélenchon en face, qui ne va pas prendre de gants avec les socialistes, il vaut mieux avoir quelqu’un susceptible d’avoir accès aux médias, avec on va dire une surface politique déjà un peu éprouvée…
Et puis se fut le chacun pour sa paroisse. Mollement chacun se dit qu’en tirant tous sur le même on parviendrait peut-être à placer le sien… Et durement, certains territoires, pour de minuscules desseins personnels ont joué la carte de la terre brulée. L’Aquitaine a au moins le mérite de ne pas s’être fourvoyée dans cette posture. La morale de l’histoire pourrait être que:
lorsqu’on joue un socialiste contre un socialiste… on gagne un(e) radical de gauche.
Le plus étonnant dans cette histoire c’est que le PRG n’avait même pas demandé de tête de liste… et qu’à ce jour nous ne connaissons même pas le nom de la femme qui sera donc chargée de tirer cette liste. Et je suis pour l’union de la gauche, mais lorsque je vois comment votent les PRG au Sénat et les honneurs qu’on leur fait, j’avoue avoir du mal à comprendre.
Emmanuel Maurel, désormais n°2 sur la liste Ouest, sera vraisemblablement député européen. Il fera campagne derrière Isabelle Thomas, dans une cohérence de ligne politique assez évidente. Notre courant est même représenté sur la liste par une femme. Certes en position lointain, mais quand même. Et pourtant j’ai fait le choix de m’abstenir sur ce vote. En tout notre courant figure sur près de 11 positions. Certes peu d’éligibles, mais, avec moins d’un an d’existence, nos conquêtes ne sont pas négligeables. Et cela valide notre stratégie d’autonomie et de structuration. Ce n’est certes pas le traitement que nous souhaitions obtenir. Mais nous nous renforçons au niveau collectif.
Aussi je n’ai pas voté contre cette liste, sous peine de menacer la présence de tous les candidats du courant MLG.
C’est ce qui est arrivé à la motion 4.
Mais je me suis abstenu.
Pas seulement parce que je pense que notre sensibilité n’a pas été correctement traitée (je condamne notamment les oukazes contre nos camarades Gérard Filoche en IDF, Eric Thouzeau dans l’Ouest et Elodie Schwander qui sont intolérables).
Ce n’est pas seulement parce que j’ai trouvé les attitudes de Vincent Peillon et Christophe Borgel indéfendables.
Je me suis abstenu, en tant que représentant de MLG pour l’Aquitaine parce que je pense qu’on ne se donne pas les moyens de donner une impulsion de gauche à ces européennes dans notre région.
Je me suis abstenu, en tant que militant girondin, parce que dans la configuration que nous proposions Laurence Harribey aurait été en 2ème position. Avec toutes les chances d’être élue.
Cette troisième place, dans le contexte de ces prochaines élections européennes (même si nous ne savons dans quelle dynamique sera le PS à la veille de ce mois de Mai 2014), pourrait bien être la place du mort. Je ne le souhaite pas. Cela mènerait l’Aquitaine à n’avoir aucun représentant. Voilà pourquoi en tant que militant girondin, animateur d’un courant en Aquitaine, je ne pouvais pas voter pour cette proposition. Avec le paradoxe, de me retrouver seul, seul titulaire girondin du Conseil National du PS présent, tous courants, sensibilités, sous-sensibilités confondus dans un moment aussi important.
Et pourtant nous prendrons soin du nouveau-né:
et pourtant il faudra faire cette campagne… une fois encore…
et pourtant il faudra défendre la ligne politique issue de la Convention Europe parce qu’il faudra bien qu’on arrive à l’accoucher cette Europe Sociale.
et on va souhaiter bon courage à Eric Andrieu pour mobiliser les socialistes, ainsi qu’aux premiers fédéraux qui sont parvenus à éviter un socialiste en tête de liste.
et on va attendre patiemment le nom de la tête de liste PRG pour mobiliser les foules socialistes pour le vote de jeudi 21 novembre.
Gérald Elbaze
Maintenant la Gauche Aquitaine
Membre titulaire du Conseil National du PS
