Les prochaines élections départementales s’inscrivent dans un moment qui n’est pas n’importe quel moment:
- Celui d’un affaiblissement sans précédent du Parti Socialiste aux trois échéances électorales qui viennent de se dérouler.
- Celui d’un affaiblissement et d’une rétrécissement, sans comparaison dans l’histoire de la Vème République, des forces politiques au pouvoir.
- Celui d’un moment de fragilisation extrême des convictions populaires permettant de voir dans la Gauche et singulièrement dans le Parti Socialiste, une force politique capable de changer durablement et positivement leur quotidien. Que cela soit avéré ou non, n’est même pas l’objet du débat. Ce qui compte à la veille d’une échéance c’est ce que les gens pensent. À tort ou à raison.
- Celui d’un désenchantement généralisé, qui éloigne durable les citoyens des urnes. Ou les envoient dans les bras du FN…
S’ajoute à ce contexte politique, un contexte particulier:
- Le flou qui règne quant à l’avenir des futurs conseils départementaux
- La réforme territoriale proposée par le gouvernement, produit une opposition au niveau des gouvernants locaux, ceux-là même qui vont susciter le suffrage des électeurs.
- L’élection départementale, comme ce fut le cas lors des deux précédents scrutins au suffrage universel direct (municipales et européennes), risque d’être instrumentalisée par bien des citoyens pour manifester leurs mécontentements. Alors même que les départements demeurent le dernier maillon d’une solidarité qui s’étiole au national.
- Un changement du mode de scrutin et du périmètre des cantons qui rend le tout encore plus flou.
- L’absence de communication publique et de propagande sur ce scrutin.
Et au-delà de tout cela, la montée inexorable du vote Front National dans toutes les échéances récentes.
Or ce scrutin obéit à des règles très particulières:
- Seules les candidatures ayant fait plus de 12,5% des inscrits peuvent se maintenir au second tour. Avec une participation d’à peine plus de 44% aux cantonales 2011 (contre 65% en 2008), en cohérence avec les 42% aux européennes en 2014, cela signifie qu’il faudra atteindre pratiquement 28% des voix exprimées pour pouvoir se maintenir au second tour (en prenant une participation à 45%). Soit 31,25% si la participation tombe à 40%
- Contrairement aux municipales, il est impossible de « fusionner » des listes ou des tickets entre les deux tours. Ainsi le report des voix ne peut se faire par la fusion… ce qui le rend bien plus compliqué, surtout dans le contexte actuel.
- Enfin, dans le cas particulière de la Gironde, la droite se présente unie, jusqu’aux chasseurs !
C’est pourquoi je considère que présenter plusieurs listes à gauche constitue bien plus qu’un pari ! Cela relève d’un suicide collectif. Plus exactement cela revient à livrer les cantons à la droite, voire à l’extrême-droite dans des cas bien particuliers.
L’Union et le Rassemblement de la Gauche n’est pas un idéal, c’est une impérieuse nécessité !
Et dès le premier tour !
Cela veut dire très clairement que c’est dans la constitution des tickets mêmes que cette Union de la Gauche doit être construite. Car on peut parfaitement se retrouver sans candidat de gauche au deuxième tour.
Et même dans le cas « idéal » où les candidatures PS atteindraient le second tour, rien n’indique que le report soit encore envisageable. En tout cas suffisant pour conserver les cantons.
C’est pourquoi le PS est devant un choix clair:
- soit nous nous donnons les moyens de maximiser les chances de la gauche de conserver les cantons, donc les conseils départementaux. Et dans ce cas l’Union de la Gauche dès le premier tour est indispensable.
- soit nous prenons le risque de ne pas disposer de candidat de gauche au second tour.
Or le PS n’a plus les moyens de la culture hégémonique qui est la sienne ! Nous ne sommes plus en capacité de dire « c’est nous ou la droite au deuxième tour ». Nous savons que ce levier ne fonctionne plus.
Notre habitude de socialistes qui consiste à dire « nous on veut bien mais eux ne veulent pas », ne peut servir d’alibi. Nous devons accepter de réunir les conditions pour y parvenir. Cela signifie clairement que cela a peu de chance de se faire sur une ligne politique actuelle du gouvernement. Elle divise déjà la propre famille du PS. C’est un épouvantail pour le reste de la Gauche.
De plus cette Union de la Gauche ne peut consister en un simple cartel des logos de tous les partis. Cela suppose de réels accords programmatiques, et donc de la bonne foi. Parce que chat échaudé… Et nous savons que – singulièrement – les autres partis susceptibles de s’allier avec nous dans cette Union, demanderont de la clarté de la part de tous les candidat-e-s vis-à-vis de la politique gouvernementale. Sur les politiques d’austérité, sur la réduction des dotations aux collectivités, sur l’augmentation du chômage, etc..
L’alternative politique à l’échelon local constitue la solution la plus plausible et viable pour éviter la déroute complète.
Le cas échéant, la double-peine frapperait les citoyens: alors que le dernier rempart qui protège les plus fragiles, le Conseil Départemental, nous aurons participé à le laisser tomber dans les mains des moins progressistes d’entre tous. La droite. Voire l’extrême-droite.
Il s’agit donc de savoir si nous sommes en capacité de dépasser la défense de nos chapelles pour un intérêt supérieur qui nous oblige au sursaut.
En tout cas, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Collectivement.
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