La cuisine de Fabrice Guillemet au Conseil Municipal: entre bouillabaisse politique et confit d’intérêts …

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Mondi s’apprête à fermer le site de Saint Jean d’Illac sacrifiant plus de 120 familles sur l’autel de la délocalisation et des dividendes.
Les salarié-e-s de Mondi ont besoin de soutiens.
Ils ont besoin du maintien de leurs emplois, de leur outil de travail, et dans ce combat, ils ont besoin de soutiens.
Les élus du Conseil Municipal de Saint Jean d’Illac ont répondu présents. Tous ont voté la motion de soutien.
Tous.
Même l’opposition UMP
Tous ?
Pas tout à fait…[/pullquote]

Fabrice Guillemet, conseil municipal d’opposition, dont l’étiquette politique est comme le temps … changeante, a fait un choix incompréhensible:

  • celui de s’exprimer longuement, affichant un semblant de pathos en direction des salariés mais centrant son intervention sur la nécessité de fermer le site de Mondi, empruntant à la direction du Mondi son argumentaire (à moins qu’il n’en soit l’inspirateur…), et tombant à bras raccourcis (caractéristique des petits bras ?) sur le Maire, et son soutien sans faille aux salarié-e-s.
  • après cette diatribe incroyable, il choisit… de ne rien choisir en s’abstenant !

Soyons précis: il n’a pas fait le choix de ne pas prendre part. Il a fait le choix de s’abstenir. Nous le verrons par la suite la différence est fondamentale.
Quel peut bien être le sens de ces interventions que se termine par … une absence… d’avis, absence de courage d’assumer sa position.
Une fois de plus Fabrice Guillemet (Conseiller Municipal d’opposition… euh… Modem… euh…indépendant… je ne sais plus) a fait preuve d’un subtil mélange entre:

  • incurie des personnes les plus fragiles (les salarié-e-s et leurs familles) et leur avenir,
  • joyeuse cuisine et mélange des genres entre son rôle de conseiller municipal et ses fonctions professionnelles.

[marker ]C’est que Fabrice Guillemet a fait des chiffres sa religion, de la réduction des masses salariales un dogme. Pour ce qui est de l’économie au service de l’homme, il a manifestement fait voeu d’abstinence. D’où l’absention…[/marker]

Que Fabrice Guillemet considère que l’unité illacaise Mondi-Lembacel n’est pas viable c’est une chose.
Qu’il considère que les salariés constituent un dommage collatéral inéluctable c’est son logiciel politique.
Qu’il utilise le Conseil Municipal pour afficher ce logiciel politique que je qualifie de nauséabond c’est son choix.
Nul doute que je ne partage aucune de ces approches.
En revanche voici les vrais problèmes que pose l’intervention lors du dernier Conseil Municipal de la Ville (que l’on retrouve dans sa tribune du Illac Magazine):

1- Se proclamer « indépendant » ne suffit pas…
encore faut-il que les actes soient en accord avec les paroles !

Comment Fabrice Guillemet peut-il avoir un avis aussi tranché sur l’avenir de Mondi-Lembacel ? Comment peut-il affirmer que les chiffres donnés par le Maire sont faux, alors même qu’ils sont issus des échanges avec la direction, le personnel et le préfet ?

Fabrice Guillemet a de bonnes raisons de se considérer mieux informé que quiconque !

En présence des délégués du personnel que j’ai pris plaisir à lui présenter lors des voeux, il leur explique (je cite):

[marker ]je suis chargé professionnellement, pour mon groupe, de garantir une couverture de 100 millions d’euros au groupe Mondi, donc les chiffres, les vrais je les connais ! Et l’unité de Saint-Jean-d’Illac doit être fermée. C’est une nécessité ![/marker]

Et la carte qui leur tend n’est pas sa carte d’élu, mais sa carte professionnelle !
[marker ]Et on apprend comme cela que ce bel élu, se revendiquant « indépendant » est non seulement concerné par ce dossier, est partie prenante, mais se retrouve même à utiliser le Conseil Municipal comme caisse de résonance de son groupe privé ![/marker]

Et là on se dit :

  • qu’il faut lire le Code Général des Collectivités Territoriales sur la notion de « conseiller intéressé« 
  • que l’employeur de Fabrice Guillemet devrait lui recommander de cesser le mélange des genres
  • que le groupe Mondi devrait expliquer gentiment à son prestataire la notion de devoir de réserve

2- se proclamer « démocrate » et renier l’exercice de la démocratie… une faute inexcusable !

Résumé de l’épisode:

Un Conseil Municipal est une assemblée de citoyens qui s’impliquent dans le fonctionnement de la Cité.
Chaque Conseiller Municipal vient avec ce qu’il est et a pour fonction de conseiller, d’accompagner, de représenter, voire d’assumer des délégations autour du Maire. Il le fait dans le cadre d’une Assemblée Délibérante, le Conseil Municipal. C’est ce qui fait que chacun d’entre nous autres, citoyen-ne-s est tout aussi légitime pour se présenter à une élection. Bref un des fondements de notre République

Dans cet exercice démocratique l’opposition a tout son rôle et toute sa place. Elle apporte durant tout le mandat une lecture contradictoire, décalée, différente pour nourrir le débat. Même si on sait que cela est souvent un voeu pieu. Même si on sait que le GPS politique de Fabrice Guillemet est « errant » pour ne pas dire « erratique »: tour à tour Modem, sans étiquette pour les besoins d’une liste, soutien d’un candidat vert aux cantonales… bref: [marker ]la clarté de la ligne politique de Fabrice Guillemet s’apparente plus à un véliplanchiste solitaire qui cherche le vent qu’à un navigateur qui sait où est son port… de là à brasser de l’air, il n’y a qu’un pas…[/marker]

Durant ce dernier Conseil Municipal, un Conseiller de la majorité proteste contre les propos de Fabrice Guillemet, dit et explique qu’il ne partage pas la vision de Fabrice Guillemet.

Réponse de Fabrice Guillemet: « Vous n’êtes pas légitime pour parler. Vous n’y connaissez rien! Taisez-vous! Moi je sais de quoi je parle, vous pas. Donc vous n’avez pas le droit de vous exprimer sur cela! ».

Que veut dire Fabrice Guillemet ? Quelle est sa vision d’un conseiller municipal ?

  • que si on n’est pas analyste financier pour des établissements bancaires on n’est pas autorisé à manifester sa solidarité avec des salariés ?
  • que si on n’est pas analyste financier pour des établissements bancaires on n’est pas autorisé à dire que l’on veut – pour nos enfants – que l’outil industriel et l’emploi reste en France ?
  • que si on n’est pas analyste financier pour des établissements bancaires on ne peut pas condamner l’attitude d’un groupe qui fait des bénéfices, perçoit de l’argent public, sans que cela ne lui crée apparemment de devoirs ? Pas même celui de respecter les formes du droit du travail ?
  • que si on n’est pas analyste financier pour des établissements bancaires on ne peut pas – soyons fous! – discuter d’un budget, l’amender, le contester, le voter ? Que seuls les techniciens et non les élus sont légitimes ? Mais dans ce cas pourquoi a-t-il voulu être élu???
  • que si on n’est pas analyste financier pour des établissements bancaires, on ne dispose pas de tous les chiffres propres à une analyse. Mais, mais, cela veut dire que si on n’est pas en situation de conflits d’intérêts… on ne peut pas s’exprimer ???

Quelle est donc la vision de ce monsieur de la chose politique ?
Quelle est sa vision de la démocratie ?

3- Voir plus loin que le bout de son nez, dépasser son petit égo

Cela fait maintenant plusieurs années, que Monsieur Guillemet nous affuble de ses analyses financières dignes d’un logiciel néo-libéral éculé!
A l’entendre la commune ne doit pas investir sur la culture c’est du gaspillage … (essayez l’ignorance disait l’autre…).
Si les gens veulent partager des imaginaires, tisser des liens, regarder le monde autrement, ils n’ont qu’à en avoir les moyens !

A l’entendre, il n’y a que lui qui sait gérer un budget et à grands coups de jargon technifiant qui s’apparente le plus souvent à un exercice de lustration onirique personnelle. Il incarne la défiance à la démocratie. Et la prise de pouvoir de ces cohortes de pseudos experts qui mettent en péril notre pacte républicain en s’arrogeant tous les pouvoirs. A les entendre seuls eux, sont aptes à la décision. Se rendre incompréhensible pour sembler briller…

Tout cela se résume le plus souvent à des sévices sur mouches. Mais il en ressort avec le sentiment d’avoir existé.

Cela a-t-il fait avancer la commune? Non.
A-t-il proposé quelque chose? Non.
A l’entendre les fonds publics doivent être économisés toujours tout le temps… mais c’est oublier un peu vite que la commande publique c’est par exemple 70% des investissements en France. C’est donc l’emploi dans le bâtiment, les travaux publics, etc… Il est désormais démontré que l’efficacité économique sur la croissance par l’investissement public est infiniment supérieure à toute autre forme de relance !

Mais plus pratiquement, ici, à Saint Jean d’Illac,
L’école ? il faut la bâtir au moins cher quitte à mépriser les PME locales et encourager le dumping social.
La « masse » salariale de la ville ? il faut la baisser (même si cette masse ce sont des vraies personnes et des familles là-aussi). Comprenons-nous bien, il ne s’agit pas de la chasse au gaspillage, que nous nous mettons en œuvre. Non il s’agit d’une posture. Sarkozyste mais qui ne s’assume pas. Mais pour faire quoi ??
Investir dans des choses durables ? surtout pas, on doit limiter les investissements.
Baisser les impôts ? éventuellement, même si cela veut dire qu’on renvoie tout le monde et notamment les plus fragiles sur leurs seuls moyens pour se nourrir, se soigner, s’éduquer, de trouver un emploi puisque on soutient la casse des services publics.
A moins que ce ne soit dans le sombre espoir de… pouvoir renflouer les banques quand c’est nécessaire… normal pour un « analyste financier pour des établissements bancaires ».
Là, dans ce cas, on a raison de mettre du pognon public. Quelle honte !
Montrer qu’on est le meilleur gestionnaire du monde ? [marker ]Par pitié qu’on lui monte un concours Nouvelle Star du tirage d’élastique bancaire et on aura la paix ![/marker]

En conclusion,

Quand j’ai vu, ce jour des voeux, les trois délégués syndicaux, les larmes aux yeux, les poings fermés, faire preuve, malgré tout, de respect envers cet élu méprisant à leur égard, à l’égard de leurs familles, de leurs réalités,
Lorsque j’ai vu cette condescendance, ce mépris, ce complexe de supériorité devant cette « plèbe »,
Quand j’ai entendu dans un dernier rugissement, cet ouvrier me dire, « j’espère que jamais je ne le croiserai en train de faire la manche, parce que, ce jour-là, ma pièce il ne l’aura pas »,
Je me suis rappelé le discours de François Hollande au Bourget,
J’ai entendu cette phrase résonner: « notre ennemi c’est la finance »,
Et… j’ai mis un visage sur cette phrase.

Et je me suis dit, que si on n’arrivait pas à changer le réel, à interdire les licenciements boursiers, à séparer les activités bancaires, que si on ne parvenait pas à permettre la reprise des usines par leurs salariés, si on n’était pas capable d’engager des nationalisations provisoires le temps de trouver un repreneur, alors … on ne vaudrait pas mieux que Fabrice Guillemet.

Dès lors la moindre des choses c’est bien d’être aux cotés des Mondis.
Des salarié-e-s de Mondi-Lembacel.
C’est ce qui nous reste à nous, personnel politique, de dignité.

Les autres…

3 commentaires


  1. Votre article sent le caca nerveux pré-électoral ! D’ailleurs êtes-vous toujours conseiller municipal Monsieur Elbaze ou avez-vous déjà renoncé ?


  2. hummm… alors dans l’ordre:
    – mes désaccords sur le fond politique avec Fabrice Guillemet ne datent pas d’hier. Mais je l’ai toujours trouvé plus fin dans certaines lectures des faits politiques, même si nous n’en tirons pas les mêmes conclusions. Mais pour le coup, je n’ai apprécié ni son mélange des genres (il n’aurait clairement pas dû participer à ce débat étant impliqué professionnellement dans ses conclusions) et il a développé une approche qui n’est pas celle d’un élu local, qui doit quels que soient ses intérêts personnels ou professionnels privilégier les enjeux de l’intérêt général.
    – on est bien loin du caca nerveux, encore moins pré-électoral. Tous les désaccords que j’ai pu avoir avec Fabrice Guillemet, sur les questions culturelles, le développement de la ville, le logement social, les approches budgétaires, l’intercommunalité, nous ont toujours valu des explications et des débats.
    – Et oui je suis toujours conseiller municipal. Lorsque vous parler de « renoncer » je ne vois pas à quoi ? En tout cas pas au fait de défendre les idées que je porte, ni les engagements pris.
    Au plaisir de vous lire 😉

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