Quelle est donc cette nouvelle manière de conduire la transformation progressiste de notre pays, de notre Europe ?
Le pouvoir de changer le quotidien des Français s’est fait sur la base d’un projet produit, travaillé, amendé par tous ces militants qui font l’effort de payer leur cotisation annuelle pour nourrir et participer au débat collectif, faire émerger des lignes de pensées qui doivent servir ensuite de plateforme d’idées présentées aux suffrages des Français.
Un fois au pouvoir, pourtant, on réduit parfois à néant le travail produit par ces militants – et ce n’est pas la qualité qui manque – on s’empresse de dire: « bon ben maintenant on va faire du sérieux, avec des gens sérieux… »
Mais pourquoi, s’ils sont si brillants et si progressistes, ne viennent-ils pas s’impliquer dans les partis (quels qu’ils soient) pour faire dons de leurs compétences ?
Pourquoi ne condescendent-ils pas à venir débattre avec nous de ces sujets, les confronter à nos fondamentaux politiques ?
Et de notre côté, qu’est-ce qu’il nous prend d’affaiblir à ce point le travail politique, pour dire que ce travail ne peut être mené et conduit que par une personne qui a fait le choix de ne pas participer à la vie politique d’un parti (ce qui est légitime). Mais c’est pourtant ce travail qui mène quand même au pouvoir celui devenu Président ?
Qui sont-ils, ces personnages, pour que nos politiques les considèrent à ce point « éclairés » qu’ils n’ont pas besoin de contribuer au débat collectif ?
Pourquoi, en tant que Parti Socialiste, ne dénonçons-nous pas ces pratiques, qui vident de leur sens, notre fonction même de parti politique, notre travail militant !
Les conséquences sont alors immédiates ! La défiance générée, systématique…
Dans notre progamme François Hollande positionnait les régions comme fer de lance du renouveau du développement économique et de sa compétitivité (engagement n°1: « Je permettrai aux régions, pivots de l’animation économique,de prendre des participations dans les entre-prises stratégiques pour le développement local et la compétitivité de la France. »)…on confie un Rapport sur la Compétitivité française à Louis Gallois…
Ressort de ce rapport Gallois, [marker ]un CICE qui n’est même pas dans notre programme !
Une paille !!! 20 milliards aux entreprises sans contreparties… mais surtout sans débat !!![/marker]
Alors même que nous présentons dans notre engagement n°3: « Je favoriserai la production et l’emploi enFrance en orientant les financements, les aidespubliques et les allégements fiscaux vers les en-treprises qui investiront sur notre territoire, quiy localiseront leurs activités et qui seront offensives à l’exportation ».
Si ce ne sont pas des conditions des aides publiques…
Ainsi le pilotage des investissements d’avenir, pourtant endroit stratégique, poste éminément politique… ce même Louis Gallois est nommé, le 6 juin 2012, commissaire général à l’investissement en Conseil des ministres. Et pour éviter le mélange des genres… Le 18 décembre 2012, il est nommé administrateur indépendant de PSA Peugeot Citroën, lors d’un conseil de surveillance. L’État avait exigé, en échange de l’obtention d’une garantie publique de 7 milliards d’euros à Banque PSA Finance, une ouverture du conseil de surveillance à un administrateur salarié, et à un autre en lien étroit avec l’État qui sera donc Louis Gallois (source Wikipédia)
Et la Mission Lescure: est-ce à dire que nous n’avons pas travaillé ce sujet, que nous ne pensons rien dessus ?
Songez à l’ânerie à laquelle cela nous amène: ce très cher Lescure, pur produit des industries de programme, qui nous pond un rapport qui s’oppose à la fiscalité des flux et la déporte sur les équipements dont les Français s’équipe par millions… véritable forme de TVA qui ne dit pas son nom… alors même que devinez quoi ?
[marker]Extrait de la Convention Europe, soumise au vote des militants socialistes le 6 juin 2013:
« Pourquoi ne pas développer un fonds européen de la culture, financé par une taxation des flux de données, puissants pourvoyeurs de contenus culturels ? »[/marker]
A ce sujet, je vous invite à prendre connaissance du travail produit par la Quadrature du Net[ref]
« Pour que chacun sache ce que pourrait être une vraie politique culturelle de l’ère numérique, tous les commentateurs du rapport de la mission Lescure sont invités à en comparer le contenu aux Éléments pour la réforme du droit d’auteur et des politiques culturelles liées de La Quadrature. Il est temps de prendre en compte les propositions de ceux pour qui Internet ne se réduit pas à un canal de distribution pour les produits des industries culturelles du passé. »
http://www.laquadrature.net/fr/culture-et-internet-le-vrai-rapport
[/ref]
Bref, on nous explique à longueur de temps que nous devons, le doigt sur la couture du pantalon défendre la ligne de notre projet, de notre parti… et dans le même temps, tout cela est affaibli par les auteurs de ces injonctions.
[marker ]Dans le même temps c’est le travail parlementaire que l’on tue.[/marker]
Au final:
1- On voudrait inciter les citoyens à déserter les partis politiques que l’on ne s’y prendrait pas autrement.
2- C’est une chose de concerter, discuter, échanger.
ça en est une autre d’organiser sciemment ou inconsciemment (ce qui est pire) la sous-traitance de ce que nous pensons et de ce que nous ferons à des tiers qui s’exonèrent ainsi du débat politique.
La notion de démocratie participative doit enrichir la démocratie représentative et non la vider de son sens.
A pleurer.