Comme beaucoup d’autres, voici donc de longues années que je contribue à la vie locale illacaise. Et je tente depuis toutes ces années de le faire d’une certaine manière. Rien n’indique que cette manière soit la bonne ou la plus pertinente. D’autres sont possibles, chacune est légitime.
D’autres personnes s’impliquent également, avec des approches différentes. Et c’est heureux. Même si je peux avoir des désaccords avec elles, elles méritent le respect: au moins, elles essayent. Et respecter les personnes n’empêche d’ailleurs en rien de combattre certaines de leurs idées.
Et c’est ainsi qu’il convient de lire cet article. 


Les règles du « je »

Dans des contextes différents, j’ai essayé d’apporter ma pierre à la « vie de la cité »:

  • en exerçant des responsabilités : élu local durant un mandat, président d’une association de parents d’élèves,
  • en participant à la vie associative,
  • en contribuant au débat public local.

J’ai tenté de ne rien abandonner de mes exigences éthiques : esprit libre, constance dans les convictions, distance critique, travail en équipe.

Ce blog, il n’est pas apparu à quelques semaines d’une campagne électorale ou au lendemain de la fin d’un mandat. Depuis de très nombreuses années j’y dépose le résultat de mes recherches, de mes analyses, des mes propositions. Ce que j’y écris, j’en fais un bien commun. Une ressource partagée.

Lorsque je publie sur ce blog, cela permet que les propos n’engagent que ma seule responsabilité. C’est en général ce qui me permet de choisir entre une publication personnelle plutôt qu’une publication collective. Pour autant, ce contenu a très souvent permis d’alimenter le débat collectif : rachat de Zodiac, Illac en Scène, Elisa, et tant d’autres sujets, ont ainsi pu prendre une dimension collective par ce biais. Et j’en suis très heureux.

C’est aussi parce que mon souhait, à travers ce blog, n’est pas d’apporter la contradiction par posture, mais plutôt de partager la manière donc j’essaie d’exercer un esprit critique et si possible constructif. Mon intention est plutôt de permettre à chacun ensuite de faire ses propres recherches, ses propres lectures et ses propres regards sur le monde. C’est pour cette raison que je documente toujours mes articles, que je cite mes sources et que j’explique mes cheminements. Pour que d’autres puissent faire pareil, autrement, mieux, différemment. Mais que chacun puisse s’emparer de ces analyses, de ces ressources et faire son chemin. Parce que ma lecture personnelle d’un fait est bien moins l’enjeu, que la mise en partage d’une manière d’exercer sa citoyenneté.
Car ce que j’aime profondément, c’est lorsque des citoyens qui ne s’intéressaient pas particulièrement à leur ville, éveillent leur esprit critique et réalisent qu’ils sont légitimes et pertinents: pour comprendre, penser, imaginer et agir.

C’est aussi pour cette raison que durant tout le mandat de Hervé Seyve j’ai, avec d’autres, et sans avoir besoin d’être élu pour le faire, préparé les Conseils Municipaux, assisté aux Conseils Municipaux, participé à la plupart des débats locaux, aux réunions locales, aux Conseils de Quartiers. C’est aussi pour cette raison que j’ai, avec d’autres, accompagné les élus d’opposition tout au long de ce mandat qui s’achève. Sans contrepartie. Sans gloriole. Pour l’intérêt collectif.

Au-delà de Saint-Jean-d’Illac, j’ai exercé des responsabilités politiques régionales et nationales. À gauche, toujours à gauche. J’ai été candidat sur la liste aux élections régionales avec Alain Rousset en 2015, j’ai été conseiller politique en charge du programme d’un candidat à la présidentielle (Benoit Hamon – 2017). J’ai fait des dizaines de campagnes politiques. Certaines victorieuses. D’autres non. Mais toujours avec la même éthique et les mêmes convictions.
Professionnellement, j’ai contribué à l’élaboration d’un grand nombre de politiques publiques: locales, territoriales et nationales. J’ai travaillé avec des acteurs locaux perdus au fin fond de la ruralité et qui font un boulot extraordinaire, tout comme j’ai travaillé avec des cabinets ministériels et des décideurs privés.

Pourquoi parler de tout cela dans un article, me direz-vous ?

Pour partager la conviction profonde que je retire de toutes ces expériences:

Le « je » tue la démocratie : du local au global. 

Je l’ai vécu en tant qu’élu local. Je l’ai constaté à chacun des échelons que j’ai pu côtoyer.

Il n’est plus acceptable d’avoir un/une maire dont le leit-motiv est: « j’ai été élu/e donc c’est moi et moi seul qui décide ».

Et pour ma part je ne souhaite plus participer à ce mécanisme qui tue toute forme de démocratie qui fait qu’on désigne un roi qui s’accapare tous les pouvoirs pour la durée d’un mandat.
À droite, comme à gauche. 
Et ce fut l’une des principales raisons qui ont fait que je n’ai pas voulu rempiler après un mandat avec Jacques Fergeau. Et force est de constater, après le mandat de Hervé Seyve, que c’est bien l’accès et l’exercice du pouvoir qui pose problème : si on y accède de manière individuelle , on l’exerce de manière personnelle et autoritaire. Sans cadre collectif, rien ne permet d’encadrer les dérives d’une personne. Et tout devient conflictuel.

Le crétinisme présidentiel:

Cette forme locale du « crétinisme présidentiel » (cf. l’excellent article de Edwy Plenel : Le présidentialisme, ses courtisans et son crétinisme ), conduit à détruire, parfois pétri de bonnes intentions, la devise de notre République pourtant inscrite au fronton de la mairie:

  • Il ne peut plus y avoir de liberté si la citoyenneté se résume à donner son avis une fois tous les six ans.
  • Il n’y a plus d’égalité si ceux qui se font élire considèrent qu’ils ont plus d’importance et de prérogatives que les citoyens qu’ils étaient censés représenter.
  • Il n’y a plus de fraternité, si tous ceux qui ont un avis différent deviennent des ennemis à abattre.

Par exemple, à quoi bon voter pour désigner un conseil municipal de 28 membres, dont 21 conseillers de la majorité (actuellement), si ces 21 conseillers votent exactement et en permanence la même chose?!
À quoi bon en désigner autant ? Assumons, dans ce cas, d’en désigner un seul, le Roi !

Mais, et je l’ai observé, tant d’élus sont tellement flattés de pouvoir siéger autour de cette table du conseil municipal qu’il leur importe peu de ne servir qu’à opiner du chef et lever mécaniquement la main… Pensez-donc ! Pour certains c’est un statut social, une forme de notabilité qui se joue, pour d’autres une forme de reconnaissance ou de notoriété, un bout d’indemnité et/ou de pouvoir.
Alors chacun finit par voter le doigt sur la couture du pantalon, sous peine de démission… C’est le pouvoir ou le départ.

Et alors plus personne n’ose contredire le Roi.

Mettre le « je » au service du « nous »

Dans pareil contexte, c’est parfois plus simple de se présenter comme le personnage christique, faiseur de miracle, qui à lui tout seul, va résoudre tous les problèmes… Une personne pose problème (Hervé Seyve dans le cas présent), il faut un super-héros pour le déloger.

Pour ce qui me concerne, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes brillantes dans mon parcours. Mais le super-héros, je n’y crois pas et je n’y ai jamais cru. Car je suis convaincu que le pilotage d’une Ville, comme n’importe quelle organisation, ne peut se faire que collectivement, avec la possibilité, pour chacun, d’exercer son esprit critique, de disposer de toutes les informations pour décider.
Et je suis convaincu que ce qui est vrai pour une Ville, est avéré pour n’importe quelle collectivité. Et même pour l’État.

On ne doit plus considérer la mairie telle un bunker à défendre contre l’opposition et les habitants, mais une maison commune qui appartient équitablement à chacun des habitants.

C’est pourquoi j’ai décidé, il y a de longs mois déjà, d’aller au bout de la logique du « nous », et de mettre le « je » au service du « nous ».

Et c’est ce que nous faisons avec Illac en commun.

Non seulement nous fabriquons collectivement, mais nous débattons et apprenons à arbitrer collectivement. Ce qui, finalement, est le plus important. La caractéristique de l’exercice des responsabilités ce n’est pas tant de faire ce qui est prévu (ce qui est malgré tout fondamental au niveau  éthique) mais aussi d’avoir clarifié comment décider collectivement lorsque les sujets imprévus apparaissent.

Le délire du « je » télévisé

Mais, comme toujours, avec la saison des élections, le landerneau s’agite:  qui pour prendre la place de Hervé Seyve ? Chacun persuadé qu’il est LA solution. Hervé Seyve, lui-même pense être LA solution. Et vous allez voir, des candidatures, il y en aura pléthore.

Au risque de tourner à la mauvaise parodie d’un banal jeu télévisé : « Tout le monde veut prendre sa place »

Mais d’où vient donc cette idée saugrenue qu’une seule personne pourrait disposer d’une forme de vérité incarnée et permettre, à elle-seule, de savoir ce qui est bon ou ce qui ne l’est pas pour une ville ?

Et pourtant, c’est exactement ce que nous venons de vivre durant 5 longues années avec Hervé Seyve. Et je ne suis pas loin de penser que bon nombre de conseillers municipaux de la majorité pensent la même chose…

Allons plus loin: si on considère que Hervé Seyve est un tyran (et nous le constatons quotidiennement), qui peut sincèrement imaginer que le meilleur moyen pour se débarrasser d’un tyran, ce serait de désigner un nouveau roi ?

Car ce n’est pas qu’avec le tyran qu’il faut en finir. Mais bien avec la tyrannie.

Et si, plutôt que de savoir qui sera le prochain roi, et perpétuer ainsi les mêmes écueils que qu’Hervé Seyve et tant de ses prédécesseurs dans la fonction, on s’intéressait plutôt au « pour faire quoi? ».
Si on cherchait, plutôt que le énième personnage auto-proclamé « le plus compétent des illacais », on s’intéressait plutôt à une autre manière de faire?

un projet clair, une équipe bien organisée, un pouvoir correctement partagé, des avis et des controverses valorisés.

Voilà qui serait un sacré changement.
Et cela n’enlève rien au fait qu’à un moment il faut trancher. Décider. Agir. Bien au contraire, même. Mais la manière dont la décision se prend doit relever du cadre collectif. Ce qui évite les dérives, les conflits d’intérêts, les excès d’autorité.

Passer du « Qui ? » au « Pour faire quoi ? »

Alors, forcément, comme je suis impliqué et un peu grande gueule, la question m’est posée : vous allez vous présenter pour être maire?

Sur le moment, on peut trouver cela flatteur. C’est précisément à ce moment-là qu’il faut être clair sur ses valeurs. Car tout commence à ce moment-là, tout peut déraper à ce moment-là. Car c’est un réflexe naturel finalement: chercher le sauveur. Mais rien n’oblige à penser que c’est d’un sauveur dont une ville à un besoin: Hervé Seyve s’est présenté comme un sauveur contre son prédécesseur la fois d’avant. Il aura été le tyran pour tant de gens à son tour.

Alors, invariablement ma réponse à cette question est la même : Oui, je vais m’impliquer. Oui, je vais prendre part. Mais comme une partie d’un tout plus grand que ma seule personne. Une part d’un collectif. Au service d’un collectif. Et j’entends être parmi ce collectif. Pas plus. Pas moins.
Et ce collectif est Illac en Commun.
Parce que, ce que nous avons choisi de livrer avec Illac en Commun,  c’est:

  • un projet
  • une équipe
  • une contrat de fonctionnement.

Et c’est tellement mieux qu’un chef.

Et peu importent finalement les individualités.
Car nous préférons oeuvrer pour que tous les citoyens soient égaux plutôt que de valoriser quelques égos.

Préférer le « nous » c’est le contraire du flou.

Renoncer au « je » ne signifie pas disparaitre dans un collectif informe qui n’a pas de ligne conductrice.

Pour ma part je ne crois pas l’idée du « sans-étiquette ». Car un « produit » sans étiquette c’est souvent le même problème:

on ne sait pas d’où ça vient, on ne c’est pas où ça va, on ne sait pas ce qu’il y a dedans, et on court le risque d’avoir dépassé la date limite de consommation.

Les prochaines élections verront probablement plusieurs listes s’opposer. Il ne fait aucun doute que plusieurs d’entre elles revendiqueront le « sans-étiquette ». Car hélas, les étiquettes, on les arbore quand ça peut rapporter, on s’en défend quand il faut les assumer.

Alors pour ma part, je suis un citoyen de gauche. Clairement. Simplement. Sans dogmatisme mais avec conviction. Mon étiquette est connue et assumée. Je me suis donc très naturellement mis au service d’un collectif qui s’assume comme tel: de gauche. Et il est fort probable qu’il n’y aura, au final, qu’une seule liste de gauche, et s’assumant comme telle.
Illac en commun, c’est la clarté des valeurs. Et des étiquettes assumées: pas de flou, pas de loup…

En conclusion:

Vous l’avez compris: « je » ne peut être la solution. Pas plus moi qu’un autre, à mon sens. En revanche, chacun d’entre nous peut être une part de la solution.
C’est pour cette raison que le « nous » prend le pas sur le « je ». Et, pour ma part, je fais le choix de me mettre au service du collectif  Illac en commun
Et qu’à nous tous, nous porterons un projet pour notre Ville, un projet bâti sur des valeurs de gauche, avec une équipe pour le mettre en oeuvre, au service du nous. Et ce nous, je ne peux que vous inviter à le rejoindre !

www.illacencommun.fr

 

One thought on “L’avenir des illacais ne peut pas être un « je ».”
  1. Oui bien sûr le “sans étiquette“ ne veut rien dire.
    Cependant les étiquettes sont bien pratiques pour trier, classer et ranger dans un tiroir étiqueté. Malheureusement elles sont souvent, bien trop souvent, trompeuses. Pour certains évènements c’est même la grande valse des étiquettes ! Alors quand nous ouvrons le tiroir nous sommes déçus, trompés, trahis. Ce qui justifie peut être en partie le “sans étiquette“.
    Si le “sans étiquette“ ne veut rien dire et si l’étiquette n’est pas fiable il faut pourtant pouvoir s’identifier.
    S’identifier à gauche bien évidemment mais à laquelle ? Celle de Mitterrand, de Jospin, de Hollande, de Hamon, de Valls, ou encore de Jaurès ou de Vallès ?
    Alors, au-delà de l’étiquette, montrons, sans jamais les trahir, la signification des mots SOLIDARITE, EQUITE, FRATERNITE, et de tous ces jolis mots plein d’espoir que l’on trouve dans la prose de beaucoup de personnes de gauche comme de droite, même des extrêmes.
    Il y aura toujours quelqu’un pour nous classer dans un tiroir étiqueté, parions qu’ils ne soient pas déçu en l’ouvrant.
    Gérard Majot

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