La grande stratégie d’Hervé Seyve est de faire un contournement de Saint-Jean-d’Illac pour délester le centre-ville. Louable dans l’intention.Difficile dans la réalisation.
Alors son idée est de demander au Conseil Général de payer cet équipement, quand bien même les analyses de traffic démontre que ce n’est pas un équipement prioritaire à l’échelle départementale.
On a le droit de vouloir mettre la pression sur le Conseil Général de la Gironde pour qu’il prenne à sa charge une voirie plus imposante… au moins le Conseil Général sait construire des routes, les dimensionner et les sécuriser.
On ne dissertera même pas sur le ridicule de vouloir faire payer la facture d’un équipement routier par une collectivité départementale, alors qu’on passe son temps à dire qu’il faut la supprimer ! Cette manière qu’ont les apôtres de l’austérité, de vouloir faire financer leur folie des grandeurs par les collectivités auxquelles ils reprochent de dépenser de l’argent public ! Bref…
Mais peut-on prendre le risque de mettre en danger les personnes pour parvenir à ses fins ? C’est toute la question de conscience qui se posera à l’équipe municipale si à force de multiplier les risques le pire devait arriver…
Déjà le 10 juillet, je publiais un article « Enrobé… et encore…si peu », ou l’illusion d’un contournement de Saint-Jean-d’Illac. J’y décrivais le coté invraisemblable de cette voirie qualifiée de « structurante » par l’équipe d’Hervé Seyve. Je revenais dans un article suivant sur ce qui avait justifié qu’on accole à ce chemin gravillonné l’épithète de « structurant ».
Mais, une fois encore, j’ai sous-estimé la capacité de cette équipe à oser le plus invraisemblable… Passé l’évènement des Terres de Jim, ils ont osé le pire : la mise à double-sens de cet axe.
À la manière d’un droit de suite, je suis donc retourné 4 mois plus tard, quasiment jour pour jour, sur cette voie pour comprendre où tout cela en était.
Principe n°1: faire le lien entre deux zones d’activités économiques… mais interdire la voie aux camions !
On relie deux zones d’activités économiques, celle des Cantines et celle de Labaury Baudan. Mais, mais, … on l’interdit aux camions.
Allons même plus loin, on permet à toutes les entreprises de la zone Labaury-baudan d’accéder directement à la A63, mais … uniquement pour les voitures !
Ainsi tous les véhicules arrivant par Labaury-baudan dédié aux transports de marchandises, sont priés de passer par, le centre-ville !
Cet équipement routier « structurant » a pour effet de transformer les routes qui traversent le centre-ville en voies de délestage pour les camions !
Enfin interdit aux camions … c’est plus compliqué que cela…
Principe n°2: à double-sens, mais les règles ne sont pas les mêmes dans les deux sens…
Lorsque vous partez des Cantines vers Bordeaux, voici le panneau:
Cette voie est donc interdite aux « aux véhicules, véhicules articulés, trains doubles ou ensemble de véhicules dont le poids total autorisé en charge ou le poids total roulant autorisé excède 3,5 t ». Ce qui suppose donc que tous les véhicules dont le poids est inférieur sont autorisés à emprunter ces voies. Certes camions plateau, camions bennes, fourgonnettes, etc… dès lors que le poids tel que décrit ci-dessus est inférieur à 3,5t.
Coté Labaury Baudan, aie…:
Deux jolis panneaux successifs B8 « Accès interdit aux véhicules affectés au transport de marchandises »… donc là c’est interdit à tous les véhicules affectés aux transports de marchandises… Habituellement ces panneaux sont complétés par un panonceau de catégorie M4f l’interdiction ne s’applique que si le poids total autorisé en charge ou le poids total roulant autorisé du véhicule, véhicule articulé, train double ou ensemble de véhicules excède le nombre indiqué sur le panonceau… mais là … rien… (enfin sur la première le petit panonceau indique « 200m »…
Résumons-nous dans le sens Labaury-Baudan vers Cantines, aucun véhicule de transport de marchandises ne peut passer… mais dans le sens Cantines vers Labaury-Baudan les véhicules de transports de marchandises peuvent passer dès que leurs poids est inférieur à 3,5 tonnes…
Quoique…
Que se passe-t-il si un véhicule décide de passer par le Chemin du Blayais… Bon alors déjà faut voir le panneau, c’est un peu comme « Où est Charlie »…
Mais supposons qu’on parvienne à le voir… En partant de ce rond-point, l’interdiction est …pour les véhicules de plus de 3,5 t (sauf pour desserte locale)… donc si on passe par là, tous les véhicules transportant des marchandises sont autorisés… tant qu’ils ont un poids inférieur à 3,5 tonnes.
Résumons-nous… Vous venez de l’aéroport ou de la zone Labaury-Baudan, vous souhaitez aller vers l’A63:
- votre véhicule de transport des marchandises a un poids inférieur à 3,5 tonnes : vous remontez jusqu’au rond-point des Palanques, direction chemin du Blayais pour éviter le rond-point de l’Eglise, puis vous reprenez l’axe Labaury-Baudan / Cantines vers l’A63… magnifique chemin de délestage !
- votre véhicule a un poids de plus de 3,5 tonnes… ben prenez le centre-ville…
Principe n°3: chemin étroit, vision étriquée, pour une énoooôrme prétention:
On nous annonçait un contournement ! Et on se retrouve avec un chemin de traverse …
Tout le problème de cette voie réside bien évidemment dans son gabarit… À ce point sous-dimensionné que les camions ne peuvent l’emprunter, mais songez que même pour deux voitures qui se croisent cela est réellement risqué !
Revue de détail:
La largeur de la voie:
À vue de nez… 3m20… voici la largeur de cette voie ! Inutile de précise qu’avec cette largeur, croiser une voiture muscle sévèrement les fessiers !
Alors forcément, on mange sur les bas-cotés, au risque d’une embardée tant ces bas-cotés ne sont pas stabilisés:
La visibilité du tracé de la voie:
Bon, là inutile de préciser que s’il fait nuit, qu’il pleut, qu’il y a du brouillard et qu’on ne connait pas la voie … c’est sportif.
Quelques tentatives de laisser de la signalisation normalement réservée aux travaux subsistent en mode « piste d’atterrissage »…
On sent qu’il y a une conscience du danger… mais l’obligation de se donner les moyens de sécurité n’y est pas.
Strictement aucun marquage au sol tout le long de ce tracé !
Et même lorsqu’on arrive aux abords de la zone Labaury-Baudan l’absence de signalisation au sol ou sous forme de panneau sur des questions de priorité:
Le virage infernal:
Quitte à mettre de la signalétique on aurait pu mettre une signalétique virage dangereux, voire même soyons fous, des flèches bleues avec catadioptres…
Comment ça marche ? c’est ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Balise_de_virage_à_chevrons_en_France
La tentation Fangio:
En l’absence d’équipement de voirie, la tentation est forte d’envisager cette ligne droite comme une zone de non-droit.
Principe n°4: la croisée des chemins: au sens propre comme au sens figuré … faute de visibilité !
Je l’avais déjà signalé, mais avec la mise en place de la circulation à double-sens, le danger devient de plus en plus important…
Résumons-nous: lorsqu’on arrive des Cantines, la visibilité sur la droite est d’environ 15 m… par beau temps. Et c’est à peu près pareil de chaque coté.
Et puis le problème du gravillons, c’est que s’il faut freiner au croisement… ça ne facilite pas les choses !
Principe n°5: au final, le grand absent: le principe de précaution !
Résumons-nous:
- Cette voirie maintient l’orientation des camions de +3,5 tonnes vers le centre-ville.
- Cette voirie est manifestement dangereuse et non-sécurisée, y compris pour les véhicules légers.
- Accessoirement, on utilise les deniers publics des citoyens illacais pour financer un équipement qui ne sécurise… aucun illacais.
Qu’est-il advenu du principe de précaution ? Nul ne le sait.
On nous parle de voie de contournement et on se retrouve avec une voie gravillonnée …
Mais c’est bien notre rôle de citoyen que d’identifier les risques posés par cette voirie et le cas échéant de prendre date.