L’homme qui valait un RMI-lliard (qui a ce titre mérite notre respect -et pour d’autres sujets aussi quand même ne soyons pas injuste), est de retour (sur le retour?)…
Cette fois-ci, avant de répondre à la question « à quoi va servir l’emprunt de Sarkozy? » (l’ami qui lui veut du bien), il devait répondre à la question du réchauffement climatique.
A 32 euros la tonne de CO2 en 2010, la taxe ponctionnerait 300 euros en moyenne à un ménage vivant à la campagne – tributaire de son véhicule pour se rendre à son travail et chauffant sa maison individuelle au fioul –, contre 80 euros pour un parisien résidant dans un immeuble collectif. (source: Le Monde)
Telle que formulée, la mission confiée par Sarkozy au chef des pingouins, réussit le tour de force de:
- maintenir l’idée que les taxes et les impôts sont toujours créés par des socialistes.
- qu’il convient de mettre en œuvre des usines à gaz (le comble pour résoudre les problèmes de CO2) pour répondre à un problème d’éducation populaire.
- Ceux qui ont en les moyens pourront s’acheter une bonne conscience !
En effet après l’achat de crédits carbones pour les entreprises , après la compensation volontaire de carbone, voici que la dérive « éco-éclesiastique » pour expier ses péchés carbonés se poursuit, en devenant les pater noster et l’ave maria imposés à tous les ménages !
Ce faisant, il poursuit la lente agonie qui finira par fâcher définitivement les classes populaires avec l’écologie!
En opposant une fois de plus l’urgence écologique à l’urgence sociale, il finit de créer un clivage qui accroit les tensions en période de crise économique, au lieu d’en faire un sujet qui unit la société dans un but partagé.
Il faut reconnaitre que la mise en œuvre simultanée du Chèque Vert devrait permettre de compenser en partie la charge fiscale nouvelle pour les ménages ruraux et les ménages les plus fragiles (évalués à un quart des Français tout de même), il s’agit typiquement d’un exercice technocratique. Mais si cela est avéré sur le papier (encore que le chèque ne soit que de 160€…), il convient de prendre en compte l’effet psychologique désastreux pour les ménages les plus modestes qui n’a pas le loisir de choisir la vie qu’il a, et qui après être tenu pour responsable de son échec face à l’emploi, de sa difficulté à donner accès à ses enfants à des études toujours plus chères, d’avoir les voitures les plus polluantes … et face à son incapacité à acheter une Rolex avant ses 50 ans, se voit en plus affublé d’une charge devant la nature ad vitam aeternam… Les patrons de l’Erika n’ont qu’à bien se tenir…
En privilégiant la contrainte à l’éducation, la répression à la prévention, il finit de rompre avec les valeurs de progrès qu’il a prétendu défendre.
Comment faire dès lors pour développer des conduites « éco-responsables »?
Il y a fort à parier que loin de la prise de conscience des enjeux, nous verrons fleurir des conduites « éco-irresponsables », les uns considérant qu’ils « payent » leur dette à la société à travers la taxe (ils peuvent donc faire ce qu’ils veulent) , les autres n’ayant fait l’objet d’aucune « appropriation citoyenne » des enjeux, considèreront qu’il ne s’agit que d’une taxe de plus. Et que, de la même manière que la vignette ne servait plus aux plus agés d’entre nous, cette éco-taxe aura tôt fait de payer les prochains sondages de l’Elysée…
Et pourtant le projet progressiste de forces de gauche est bien le plus cohérent avec la dimension écologique d’un projet de société:
- parce que notre mouvement est internationaliste, il privilégie une prise en compte globale des problématiques (et pas seulement comment nous allons racheter nos fautes sur notre petit territoire.
- parce que notre mouvement accepte l’économie de marché mais refuse le libéralisme, il peut faire la place à une consommation durable, par opposition au libéralisme qui repose sur une consommation exacerbée (quitte à faire des subprimes…)
Mais alors quoi faire ?
- S’extirper d’une approche culpabilisante de l’écologie. Responsabiliser ne veut pas dire culpabiliser !
- Assumer les erreurs politiques (le modèle de la surconsommation) et en assumer les conséquences à travers un projet politique de société qui soit radicalement progressiste.
- En déduire les évolutions nécessaires de l’éducation citoyenne pour permettre des prises de consciences radicales.
- Redéployer drastiquement les orientations industrielles (automobile, fer, etc…) pour réellement impacter les émissions de CO2 et par ailleurs redévelopper notre outil industriel.
- etc. etc..
Donc il ne fait pas baisser pavillon, mais de là à penser que certains pachydermes pourraient nous soulager la vie en restant sur leur banquise…
A en souhaiter la fonte des glaces…